
Et pourtant nous nous élevons
Une présence noire en Alberta, de la fin des années 1800 jusqu’aux années 1970
Recherche et développement réalisés par Mme Jennifer Kelly, PhD
L’histoire des Noirs, c’est l’histoire de l’Alberta. Cette exposition permet de découvrir la formation des communautés noires en Alberta, de la fin des années 1800 jusqu’au début des années 1970. Tout en étant confrontées au racisme en sol albertain, les personnes de race noire se sont affirmées et ont relevé les défis qui se présentaient à eux.
Image gracieuseté des archives d’Athabasca, 14375.
Le titre de cette exposition virtuelle s’inspire du poème d’une écrivaine et poète afro-américaine, Maya Angelou, intitulé « Et pourtant je m’élève ».
Tu peux me faire passer à l’Histoire
Avec tes mensonges pervers,
Et me traîner dans la poussière,
Mais, comme elle, je me soulèverai.
Introduction
Cette exposition photographique fait office de contre-histoire à l’histoire générale et courante des personnes noires soi-disant absentes de l’histoire de l’Alberta et à leur déplacement conséquent. Cette contre-histoire met en évidence la formation d’une société coloniale blanche à la croisée de l’impérialisme, du capitalisme, du racisme et du genre pour créer un ordre social qui est toujours présent de nos jours. La création d’une société coloniale blanche à dominance masculine a donné lieu au déplacement des communautés autochtones et à l’exclusion d’autres personnes ne faisant pas partie de la race blanche.
Comme le laisse percevoir cette exposition virtuelle, les Albertains noirs ont vraiment laissé leurs traces dans l’histoire et c’est ainsi que nous pouvons affirmer, à juste titre, que l’histoire des Noirs, c’est de l’histoire canadienne et que cette histoire joue un rôle central dans notre compréhension de la formation de l’Alberta.
Au fil de l’exposition, il est possible de constater une continuité entre le passé et le présent, dans laquelle notre communauté a été représentée, et l’est toujours, comme des citoyens insuffisants et inférieurs, surtout par rapport à la blancheur constituée de l’Alberta.
L’histoire des Noirs sur cette terre portant maintenant le nom d’Alberta a pris naissance à l’ère du commerce des fourrures, lorsque les Canadiens noirs sont arrivés soit en tant que pionniers seuls, soit en tant qu’accompagnateurs de marchands ou d’arpenteurs aux XVIIIe et XIXe siècles.


Au début des années 1900, les journaux américains annonçaient des propriétés familiales rurales « gratuites », notamment auprès des communautés noires du sud des États-Unis. Désireuses de fuir la discrimination, les lois ségrégationnistes et la privation du droit de vote, certaines familles noires des États-Unis ont décidé d’immigrer dans l’Ouest canadien.

En Alberta, les familles se sont établies ensemble de sorte à former quatre communautés rurales principales : Junkins, Keystone, Campsie et Pine Creek. Le nombre de familles noires augmentait aussi à Edmonton et à Calgary. Sans tarder, elles ont érigé des églises et même des écoles dans leurs communautés.

En raison de la mauvaise conjoncture économique, le déplacement des groupements ruraux noirs vers les villes et les villages s’est accéléré, en quête de meilleurs débouchés. Cela a donné lieu à un nombre croissant d’hommes travaillant sur les chemins de fer. Les communautés se débattaient pour faire valoir leurs droits auprès des tribunaux ou en formant des organismes politiques et sociaux souvent reliés à leurs églises.
Après la Seconde Guerre mondiale, la composition des communautés noires a commencé à changer en milieu urbain alors que des athlètes des États-Unis, des femmes des Caraïbes en vertu du programme des employés de maison et quelques Noirs « méritoires » ont eu la permission de s’établir en Alberta.


Rangée arrière, de g. à dr. : P.T. Clay, Wilbur Milton, Jeff Bowen, Willis Richardson, ‘Doomy’ Hicks, Embert ‘Amos’ States, Melvin Crump. Rangée du milieu, de g. à dr. : Peaches Coleman, Willa ‘Gotchie’ Sneed, Louella Bellamy, Ethel Kay, Alex Kay, Rachel Walton, Charlie Walton. Rangée avant, de g. à dr. : Ray Williams (tenant Judy Williams), Odelle Holmes, M. Blanchette, Helen Braithwaite, Cordie Williams.

Même si les Canadiens noirs ont fait face au racisme, à la discrimination, à la racialisation et à l’exclusion sociale, ils ont également fait preuve de résistance, ils se sont défendus et ils sont venus en aide à leurs communautés par le biais de syndicats de travail et d’institutions religieuses. Des organismes comme le syndicat international de la Fraternité des porteurs de wagons-dortoirs (ci-dessus) et l’Alberta Association for the Advancement of Coloured People ont grandement contribué à la concrétisation de changements en matière d’emploi et de logement.
Grâce à la lutte ayant permis d’apporter des changements aux lois et aux pratiques d’immigration discriminatoires en 1962 et en 1967, d’autres personnes noires de la région des Caraïbes et de pays d’Afrique ont eu la permission de s’établir ici et de devenir des citoyens canadiens.

Image gracieuseté des archives du Glenbow, archives et collections spéciales, Université de Calgary, NA 56000-7757A.
Parmi les nouveaux arrivants, notons des travailleurs de l’industrie pétrolière, des sténographes, des étudiants du postsecondaire et des enseignants. Les Albertains noirs ont continué de jouer un rôle dans l’histoire et l’étoffe sociale de notre province de bien des manières.

À propos de l’exposition
La recherche et l’élaboration de l’exposition virtuelle Une présence noire en Alberta : de la fin des années 1800 jusqu’aux années 1970 sont le fruit du travail de Jennifer Kelly, PhD. Cette exposition virtuelle s’appuie sur une exposition physique conçue et réalisée par Jennifer Kelly, PhD, avec l’assistance de Dan Cui et l’aide financière de l’Edmonton Heritage Council, de Patrimoine canadien et du Conseil de recherches en sciences humaines.