Pour commencer, les Noirs du Canada ont gagné les Territoires du Nord-Ouest, soit en tant que pionniers seuls, soit en tant qu’accompagnateurs de marchands. Pour la plupart, ils ont essayé de gagner leur vie grâce à la traite des fourrures et se sont trouvé un emploi auprès de commerçants comme la Compagnie de la Baie d’Hudson.
La vie dans les divers forts et les premiers établissements des Territoires du Nord-Ouest (qui allaient devenir l’Alberta) témoigne de la présence de plusieurs Noirs, tant des particuliers que des familles, qui s’étaient établis sur les terres autochtones pour y trouver du travail. Leur arrivée dans le nord-ouest relevait d’un projet politique de plus grande envergure, visant l’extraction de ressources, le déplacement des groupes autochtones de leurs terres et la création d’une société de colonisateurs blancs. Souvent, le travail prenait la forme d’activités de chasse et de piégeage. À cela s’ajoutait l’ambition de dominer les relations de travail avec les communautés autochtones de l’endroit.
Pour ce qui est de la période dont il est ici question, les Noirs qui sont arrivés au tournant du
XXe siècle se sont trouvé du boulot se rapportant à la transformation constante des terres autochtones en villes, en villages, en fermes et en ranchs.

Image gracieuseté des archives du Glenbow, archives et collections spéciales, Université de Calgary, NA-262-1.
La famille Lewis s’est établie dans le sud de l’Alberta en 1889. Il s’agissait d’une des premières familles à s’y installer. Daniel, Charlotte et leurs enfants vivaient à Vulcan en 1903. Daniel était menuisier de métier et baptiste de par sa religion. Il est né aux États-Unis et a vécu en Ontario avant de gagner les Territoires du Nord-Ouest. Pour sa part, Charlotte est née en Nouvelle-Écosse.
D’après les photographies d’archives de cette époque, la vie des gens était à la fois ordinaire et extraordinaire.
David Mills a vu le jour le 13 avril 1855. Il était le fils d’Henry Mills, un Américain noir, et de Phillis, une Kainai. Henry Mills s’était établi dans les Territoires du Nord-Ouest pour travailler dans le commerce des fourrures.
David évoluait tant dans la société autochtone que dans la société blanche. Il a appris l’anglais grâce à son père, et le pied-noir grâce à la famille de sa mère. Il avait reçu le nom de pikanistum’ik.
En 1880, l’agent des Indiens de l’époque avait nommé David Mills au poste d’interprète dans ce qui est maintenant le sud de l’Alberta.
Sur la photo de g. à dr. : One Spot, chef mineur; Red Crow, grand chef; David Mills, interprète; E.R. Cowan, commis. William Pocklington, agent des Indiens, est assis, 1886. Image gracieuseté des archives du Glenbow, archives et collections spéciales, Université de Calgary, NA 769-6.

À regarder
Brève entrevue avec Jennifer Kelly, PhD (professeure émérite, Université de l’Alberta), au sujet de David Mills.

Annie Saunders était une bonne des enfants du colonel James Macleod de La police à cheval du Nord-Ouest.
Annie est née aux États-Unis vers l’an 1836. Elle est entrée au service de la famille Macleod à Fort Macleod en 1877. Selon le recensement de 1881, elle occupait le métier de « cuisinière » dans la région de la rivière Bow.
Image gracieuseté des archives du Glenbow, archives et collections spéciales, Université de Calgary, NA-742-3.
Mildred, une des filles de la famille Lewis, a épousé John Ware, un grand éleveur, en 1892. Ce dernier avait migré vers l’Alberta, en provenance des États-Unis.
John Ware est probablement le premier pionnier de descendance africaine le plus connu. On lui attribue l’introduction de la « prise du bouvillon » en Alberta et l’organisation d’une version antérieure du Stampede de Calgary.
John et Mildred Ware et leurs enfants, Robert Ware (à g.) et Nettie Ware (à dr.), vers 1896. Image gracieuseté des archives du Glenbow, archives et collections spéciales, Université de Calgary. Le colonel James McLeod de La police à cheval du Nord-Ouest NA-263-1.


Parmi les autres particuliers, notons George Williams, Jamaïcain. Il était cordonnier de métier et photographe amateur. Cet homme très apprécié est décédé à Innisfail en 1903.
George Williams, vers 1900. Image gracieuseté des archives du Glenbow, archives et collections spéciales, Université de Calgary, NA-103-18.
Tom Spencer, trappeur et manœuvre, vivait à Millarville.
Vers les années 1910. Image gracieuseté des archives du Glenbow, archives et collections spéciales, Université de Calgary, NA-2333-7.


Parmi les familles qui vivaient et travaillaient là dans les premiers temps, notons la famille Darby à Vulcan, dans le sud de l’Alberta.
Mary, la sœur de Mildred Ware, a épousé M. William Darby, cuisinier à l’Hôtel Imperial situé dans la région. Sur cette photo, on aperçoit Mary avec son mari William, leurs trois enfants et sa sœur, Alberta Lewis.
Cette image illustre la respectabilité de la classe moyenne, en raison des vêtements et des aspirations.
De g. à dr. : Dick Darby, William Herbert Darby, Mary (Lewis) Darby, Alberta Lewis (sœur de Mary), Lou Darby, Eva Darby vers 1912. Image gracieuseté des archives du Glenbow, archives et collections spéciales, Université de Calgary, NA‑748-83.
À regarder
Brève entrevue avec Jennifer Kelly, PhD (professeure émérite, Université de l’Alberta), au sujet des familles Lewis et Darby.
Henry Stewart à l’Auberge Dew Drop de Turner Valley, vers 1914-1917. Henry est arrivé en 1889. D’après le recensement, il travaillait à son compte.
Image gracieuseté des archives du Glenbow, archives et collections spéciales, Université de Calgary, NA‑5262-119.

Matière à réflexion
- Est-ce que ces photos d’archives sur l’arrivée des premiers Noirs remettent en question tes perceptions de l’histoire de l’Alberta? Est-ce qu’elles confirment ta compréhension de l’histoire? Qu’est-ce qui te surprend?